samedi 31 août 2013

Rag&Bone : Un Réalisme presque exubérant...

Kate Moss
pour Rag&Bone
Il est temps de faire une révérence aux deux British, Marcus Wainwright et David Neville qui ont envahit New York avec leur griffe, Rag&Bone.
Avant d'explorer minutieusement, voire fanatiquement cette marque qui, d'une manière paradoxale, nous laissent éperdument perplexes dans sa simplicité, je désire m'attarder un moment sur l'appellation de celle-ci : Rag&Bone ; le "rag and bone man" est en réalité un chiffonnier qui collectionne des objets négligés et non désirés. Ayant un certain vécu qui ne manque pas de laisser sa trace sur la marchandise, les objets démunis de vie sont vendus aux marchands enclins de les acheter. Valdinguant de ville en ville, le chiffonnier n'a comme possession que ses objets qui, comme lui, n'appartiennent à personne, ne portent plus de réel nom, ils ne font qu'errer dans des avenues qui leurs sont étrangères. Dépourvus de sens et de valeur, les divers objets, tels que des os, des chiffons, des morceaux de métal et d'autres débris de ce genre, ne peuvent que revenir à l'essence même de ce qu'ils sont. Délavés de toute dimension, ces objets sont à nouveaux de simples objets : aucune illusion, aucune enveloppe ornementée, comme si, pour la première fois, la réalité de ces matières se dévoilait à nos yeux.
C'est à présent qu'entre en scène l'histoire de nos deux amis ; leur griffe, anéantit de toute valeur, démunie de la carapace habituelle sertie de joyaux, permet de revenir à l'essence même des choses. Ainsi, jaillit un réalisme plutôt surprenant, car revenant à l'état premier et donc pur de toute chose, en ressort une simplicité presque exubérante.

Rag&Bone
printemps/été 2013

Rag&Bone
printemps/été 2013

Il est vrai, les deux anglais ne recherchent pas l'extravagance luxueuse et l'excès glamour, pourtant ils ont tout de même triompher rapidement. Dans la structure plutôt sévère et simple de leurs créations apparaît une clarté et une franchise rafraichissantes. Dépouillées d'excès, d'exagération et surcharge décorative, elles jaillissent d'un réalisme lumineux et purement sincère...

mercredi 28 août 2013

Le Rose : Une danse mélodieusement féerique...

La délicatesse de la couleur rose permet de se glisser mélodieusement dans l'automne. Ses teints clairs et sobres font de la tombée des feuilles une danse romantique.
La saison, miroitée usuellement avec la chute, le couloir menant au spleen baudelairien, prend une tournure plus légère et innocente. Il est vrai, l'automne de Baudelaire n'est qu'une calomnieuse nouvelle, il annonce la descente décadente de l'idéal qu'est l'été et la force du soleil, au spleen qu'est l'acerbe austérité de l'hiver. Pourtant, notre automne se dessine tout autrement, heureusement d'ailleurs! La chute est remplacée par une danse, une danse naïve et légère, une danse heureuse et pétillante. Les douces teintes du rose embrassent les couleurs qu'apporte l'automne, on ne se retrouve non pas encoublé dans une chute acrimonieuse, mais emporté dans la douce bise qui mène à l'hiver, à sa blancheur pure et innocente...

Chanel
automne/hiver 2013



Chanel
automne/hiver 2013

Topshop
automne/hiver 2013

      L'hiver se révèlera à nous  à l'instar d'un monde de féerie.




 
   
Topshop
automne/hiver 2013





dimanche 25 août 2013

Saint Laurent Paris : Des Egéries dangeureusment atypiques...

La marque désormais nommée Saint Laurent Paris embrasse de nouvelles égéries ; quoi qu'atypiques, ses nouvelles muses ne manquent pas de prodiguer à la maison, sa gloire justifiée. Voulant régénérer le lien entre musique et mode, Hedi Slimane, directeur artistique de Saint Laurent désire incarner dans sa collection automne/hiver 2013 la présence fantomatique de Kurt Cobain. Il est vrai, le maître Yves Saint Laurent trouvait sa précieuse inspiration dans les symphonies du rock'n'roll ayant habillé lui-même Mick et Bianca Jagger lors de leur mariage à Saint-Tropez en 1971. Hedi Slimane entretient lui aussi un puissant lien avec l'univers de la musique, son oeuvre London birth of culture dans lequel apparaissent d'enivrantes photographies de Pete Doherty n'est qu'un exemple de ses nombreuses illustrations incarnant la fascinante beauté cachée derrière l'agressivité presque indécente du monde rock et grunge.




Ainsi, à l'instar de son prédécesseur, il navigue contre-courant dans les voluptés de l'obscurité, de la scène noire brillant d'une lumière dangereuse et cachée qui ne se révèle qu'à l'audacieux désirant la trouver. Le directeur désarçonne l'univers de la mode en photographiant le côté dirait-on obscur et malsain en choisisant comme égéries les personnages de l'underground musical tels que Courtney Love et Marilyn Manson. Il nourrit sa collection d'un doux poison, celui du grunge. L'élixir de vie ne manquera pas d'immortaliser la maison Saint Laurent Paris... 


Saint Laurent Paris
campagne automne/hiver 2013
photographié par Hedi Slimane
Saint Laurent Paris
campagne automne/hiver 2013
photographié par Hedi Slimane
Saint Laurent Paris
campagne automne/hiver 2013
photographié par Hedi Slimane

vendredi 23 août 2013

Le Rouge : La seule Couleur digne de rivaliser le Blanc et le Noir...

Elle est la couleur la plus fascinante qu'il soit, car elle demeure ambiguë et énigmatique : le rouge.  Jouant avec les paradoxes, elle dessine les oppositions en une même couleur : l'amour et la colère, la sensualité et la sexualité, le courage et le danger, l'ardeur et l'interdiction. Chacune de ces discordance loge dans cette même couleur. Se trouve ici peut-être la force du rouge, animant pas un seul, mais les deux pôles de chaque sensation, il se nourrit de cette puissance pour ainsi avoir la capacité de concurrencer audacieusement le blanc et le noir. Ces deux dernières, étant également des oppositions, seraient-elles soumises au pouvoir du rouge?
Valentino

campagne automne/hiver 2013





Valentino Garavani a cette même croyance, il professe que la couleur rouge est aussi puissante que le noir et le blanc, d'où émane sa collection Valentino R.E.D.
Utilisant une palette de couleur plutôt restreinte et sobre, le créateur révère pourtant le rouge, couleur qui a été la source d'inspiration d'un grand nombre de ses collections, chacune toujours plus séduisante que l'autre...
THE RED PARTY
45th anniversary of the Valentino fashion house



mercredi 21 août 2013

Paris : Un éternel Elan dionysiaque...

Dans la ville de Paris, émerge le culte des élites nommé "les années folles". Après le bouleversement du premier conflit mondial, la ville se métamorphose en une délicieuse nouvelle créature ; loin la musique nostalgique de "La belle époque", un nouvel air vient régner sur Paris. Les cabarets, les music-hall, les cafés mondains, le Moulin-Rouge viennent séduire les parisiens qui ne peuvent que succomber à ces tentations nouvelles qui apaisent leur soif de folie.
La mode est également en proie à une révolution : La femme désire se sentir féminine et exubérante  elle abandonne les corsets et les grands chapeaux symbolisant la retenue de l'avant-guerre. La volonté de liberté est aperçue dans la frivolité des tenues qui gardent tout de même leur élégance admirée grâce aux créateurs de mode de l'époque tels que Coco Chanel, Lanvin, Paul Poiret.
Très vite, la ville devient le lieux de rencontre des artistes et intellectuels; tous avides de savoir, d'épanouissement, de sensations encore inimaginées. Les artistes tels que Picasso, Matisse et Braque rencontrent écrivains Scott Fitzgerald et Hemingway. Ce mélange des esprits enveloppe tous les personnages dans une insouciante bulle d'euphorie absolue, où des couleurs jaillissent à chaque coin de rue provocant des apparitions nouvelles de teintes auparavant cachées. Qu'elle nous laissent envieux cette bulle, si légère, si fragile, elle s'élève dans l'éther et retrouve une plénitude vénérable.

Coco Chanel




Encore aujourd'hui, dans l'air de Paris demeure son passé de folie et de génie, intoxicant chacun des habitants d'un gaz puissant, d'inspiration, de volonté de découverte, d'assouvissement total. Laissant son corps valdinguer dans les rues de la ville, ses anciennes muses prennent possession de ce dernier, et nous nous trouvons ainsi submergés d'une sensation qui chatouille nos intérieurs et nous laissent s'infiltrer secrètement dans cette bulle multicolore. C'est alors que commence notre voyage vers les terres inconnues, les couleurs exotiques, nos jardins perdus...

 
années folles revisitées
 avec Louis Vuitton



Marchesa
Tiffany's
Great Gatsby collection










lundi 19 août 2013

Le Dandysme : Une Rigueur proche de l'Austérité masquée par une Nonchalance illusoire...

Noble d'habits et d'esprit, le dandy vit dans les sphères les plus hautes de l'âme, il ne se suffit pas du monde qui est le notre, il recherche, il découvre, il admire. Il est vrai, ayant un précieux esprit raffiné, sa vanité d'homme ne manquera pas de grandeur, ainsi, le dandy se veut d'une élégance irréfutable. L'être et le paraître se confondent dans la présence de cet homme, ils s'enchaînent entre eux et donnent naissance à un type nouveau : un homme qui aspire à l'excellence d'une manière héroïque ; il est notre mauvaise conscience, il jouit et se nourrit de sa condescendance méprisante, car il se voit être un sur-homme, un remarquable reflet de la perfection.
Souvent identifié comme une simple frivolité, le dandysme convoite précisément le contraire ; par l'ascèse, une rigidité inattaquable et une exigence intérieure, le dandy surpasse les faiblesses qui dessinent l'être humain, et telle une deuxième naissance, il émerge à l'instar d'un héros. 
Baudelaire identifie le dandysme comme "le dernier acte d'héroïsme" possible, s'abandonnant totalement au paraître, il en fait de ce dernier son être même ; toute frontière ainsi effacée entre les deux,  le français crée une nouvelle sorte de noblesse, une noblesse plus digne de son nom : une noblesse plus noble. Le dandysme devient alors une aristeia de l'apparence (les exploits d'une supériorité individuelle).

Baudelaire





   "Le dandy doit aspirer à être sublime sans interruptions,
    il doit vivre et dormir devant un miroir."
               - Charles Baudelaire












S'habillant selon ses humeurs et pensées dignes de hauteur, et non selon les codes vestimentaires, le dandy demeure indifférent à la société dans laquelle il vit se sachant supérieur à celle-ci ; cette indifférence est contestée par les autres comme un acte de snobisme. Mais, la jugeant ainsi, ils prouvent tout simplement qu'ils ne sont pas intellectuellement aptes à aspirer au dandysme. 
Cette indifférence émane d'une insouciance, car le dandy se sait comme homme de qualité ; ce sentiment se reflète dans l'allure de celui-ci : une nonchalance qui ne manque pas d'être sophistiquée... 

Pete Doherty




















"Il faut être une oeuvre d'art ou en porter une..."
-Oscar Wilde





vendredi 16 août 2013

Repetto : Une Promesse unique de Grâce et Légèreté...



En 1947, Rose Repetto crée ses premiers chaussons de danse dans un petit atelier situé à côté de l'Opéra de Paris. L'adresse d'aujourd'hui ne manque pas de prestige non plus, se situant sur la Rue de la Paix à Paris toujours. Fameuses pour leur souplesse et délicatesse inimitables, les ballerines sont aujourd'hui encore confectionnées selon la méthode du "cousu-retourné".
Suite à la demande de la fameuse actrice Brigitte Bardot, Repetto crée la ballerine "Cendrillon" qu'elle lui dédie en 1956. L'actrice ne manque pas d'immortaliser ses ballerines dans son film "Et dieu créa la femme". Il est vrai, les ballerines "Cendrillon" font écho à la gloire de BB, faisant preuve d'une grâce quoi qu'audacieuse, elles miroitent avec perfection l'allure de la jeune actrice.
la ballerine "Cendrillon"

Brigitte Bardot en Repetto




















En 1970, Serge Gainsbourg ne manque pas non plus  de tomber sous le charme de Repetto, se trouvant  inlassablement attiré par le modèle zizi, modèle que crée Rose Repetto pour sa belle-fille, il les achète dans de nombreuses couleurs, effectivement elles couronnent son image d'artiste quoi que torturé, toujours élégant, voire dandyesque.


Plus tard, le musicien demande à sa nouvelle grande amie, Rose Repetto, de confectionner un modèle zizi en rouge pour le dédié à son amante, Brigitte Bardot. Ravie et honorée de participer à une si douce, tout de même flamboyante histoire d'amour, Repetto exécute la demande sur le champs, nommant sa toute nouvelle création "flamme". Il est vrai, le nom représente ce qu'est BB pour Gainsbourg : sa flamme.












La marque détient toujours sa gloire aujourd'hui, proposant un nombre infini de couleur et de matière ; chacune des chaussures ne manquent pas d'apporter une grâce et légèreté qui séduisent les yeux, surtout les pieds qui sont les notres...

mercredi 14 août 2013

The Kooples : Une marque, un Couple, une Excellence transcendante...


The Kooples, une marque imaginée par trois frères, Alexandre, Laurent et Raphaël Elicha, admet son originalité par la création ex nihilo des collections paritaires. Ces trois frères ont baigné dans le somptueux monde des vêtements depuis toujours grâce à leurs parents qui sont les créateurs de la marque "Le Comptoir des Cotonniers" qui naît en 1997. En moins de quinze minutes le nom de The Kooples a été imaginé, car il induit la notion du couple et sonne comme un groupe de rock, deux choses très attrayantes aux yeux des trois jeunes frères. Certes, c'est une marque vue comme rock-chic, néanmois, elle a ce "je ne sais quoi" indescriptible: "Les Anglais trouvent notre style très frenchy et les Français considèrent que notre ligne est d’inspiration londonienne. Quant au magazine Vogue, il nous a qualifiés d’OVNI dans le monde de la mode", s’amuse Alexandre Elicha. Peut-être est-ce précisément ce quelque chose d'invisible qui apporte à la marque sa splendeur ;  le mystérieux est dangereusement délicieux, nous le savons. 
Les trois frères oublient volontairement  les règles de genre et s'inspirent des codes de la mode masculine pour créer la collection féminine ; en faisant, cette douce harmonie se propage et, comme si jaillissant de nulle part, une vague parfaitement bien formée vient embellir la calme et silencieuse mer .
Une cohabitation devient alors possible autant esthétiquement que spirituellement. Parfaitement symbiotique, elle efface toute ligne qui avait pour but de séparer l'homme et la femme ne laissant place qu'à la force et beauté du couple... 






La nouvelle collection, automne-hiver 2013, nous laisse autant abasourdis et captifs que les précédentes. La timide sexualité de la femme joue en contre-poids avec la modeste fierté de l'homme, le résultat ne peut qu'être séduisant aux yeux qui sont les notres.




mardi 13 août 2013

Rock : Un Refus de l'Assujettissement volontaire...

Etienne de La Boétie tient un discours sur la servitude volontaire. C'est à l'âge de dix-huit ans qu'il rédige cet écrit, le misérable et méprisable âge où l'esprit a besoin d'un masque, ou plutôt, autour duquel grandit et se développe sans cesse un masque, dû à l'interprétation toujours fausse, c'est-à-dire plate, de chacune de ses paroles, de chacune de ses démarches, du moindre signe de vie qu'il donne.
Cette oeuvre joue le rôle d'un réquisitoire contre l'absolutisme, La Boétie questionne effectivement la légitimité de toute autorité sur une population, du rapport entre le dominant et le dominé. Il professe, très justement si j'ose dire, que les tyrans sont grands que parce que nous sommes à genoux. Si l'état de la Nature veut une égalité, comment alors expliquer l'assujettissement? 
La tyrannie n'est pas un rapport de force, mais une dépossession volontaire de la liberté, un dépouillement à souhait du désir qui nous est le plus cher. Un grand nombre d'hommes ont peur de ce droit inné, ils le craignent, car ils ignorent comment l'utiliser. Il est vrai, ce droit naturel paraît sans limites, tandis que l'imagination de ces hommes en question est limitée. C'est à cause de cette discordance qu'un malaise et un trouble germent en eux, ne sachant que faire avec ce sentiment dérangeant, ils repoussent la liberté et prennent le joug qui consent à leur mal.
Delà découle par exemple, la religion, effectivement le pouvoir n'est pas d'origine divine, il vient tout simplement de la volonté d'être asservi, dans ce cas, à un quelque chose d'invisible. En effet, beaucoup d'hommes ont peur de leur droit le plus naturel : la liberté. Il façonne des Dieux pour pouvoir ensuite les adorer jusqu'à même les craindre. Le tyran, il ne faut pas l'ébranler ni l'attaquer, mais simplement ne plus le soutenir, et tel un titan dont on a brisé la base, il s'écrasera sous son propre poids.

Dans les années soixante, régnaient en Angleterre, les chemises et les polos : une élégance inspirée de la Dolce Vita. Tous se prosternaient devant ce mode de vie, cette attitude oh, si chic. Pourtant, pendant cette même période, un tout autre style a pris forme : le rock. Son allure était plus décontractée tout en montrant néanmoins de la puissance dû à son indifférence pour l'envie d'une vie bourgeoise qui était implicitement imposée à la société. Il est vrai, le style Rock, contrairement au Punk, ne désirait pas provoquer, accabler les croyants aveugles ; il ne s'est tout simplement pas plié sous la domination illusoire de l'élégance italienne. Le Rock se veut plus simpliste par opposition au caractère extravaguant de la dolce vita. Demeurant toujours vivant aujourd'hui, le style Rock est intemporel, c'est dans son caractère "chill" et relativement simple que transparaît sa liberté et son indifférence pour quelconque souverain éphémère qui dominera ses disciples pendant un bref moment, jusqu'à ce qu'un autre sot prenne de la hauteur et pratique son autorité à son tour...





dimanche 11 août 2013

La bohème : Une douce Face de l'Âme universelle...

La bohème est un concept qui me fascine depuis très longtemps, cette légèreté constante qui émane d'une acceptation totale de la vie m'impressionne . C'est pour cela, à mon avis, que le bohémien ne s'abandonnera jamais au spleen, il voit la calamité comme autant nécessaire que le bonheur, la jugeant comme une seule des infinies faces de la vie. Le fils du vent est l'être le plus libre que je connaisse, il assume la vie qui est la sienne. Certains, ayant bu peut être trop de son jus amer, renient la vie, la jugeant insensée, sadique et source de souffrance. C'est effectivement ces personnes la, les soit-disant victimes de la vie, qui comblent leur existence à travers le divertissement, le plaisir matériel et les choses vaines. Pourtant, le bohémien a lui aussi bu cet acerbe jus, il a même nagé dans ce liquide ; mais, contrairement aux autres, celui-ci le voit non comme un malheur, mais plutôt comme une saveur parmi une infinité de saveurs, ne la qualifiant ni comme blanche, ni comme noire, le bohémien accepte tout simplement l'amertume de ce jus, le trouvant même intéressant. En effet, il est content d'avoir goûté à ce malheur, précisément parce que ce malheur existe : les seules possessions du bohémien sont les choses qu'il voit, c'est ainsi, qu'il aura plongé dans toutes les eaux qu'il aperçoit qu'elles soient sucrées ou amères, si elles existent, elles sont à lui. Dans le poème de Béranger, Les Bohémiens, il affirme que "voir c'est avoir. Allons courir!"
Grâce au passé assumé et accepté, le monstre de vengeance, de regret, de jérémiades qui porte le nom de nostalgie ne pourra pas inonder l'esprit du bohémien, se trouvant incapable de scotomiser le passé ; et, ayant admis que le futur ne pouvait être contrôlé, le joyeux vagabond ne peut que vivre dans le présent qui est le sien et savourer chacune des insouciantes secondes de sa vie.
Contrairement à la société qui, comme un pendule, oscille entre la joie et la souffrance, entre le blanc et le noir, le bohémien ne voit ni de gauche, ni de droite, il voit tout d'une même manière, il voit tout comme une vie, une seule et unique vie qui désire seulement voir, ressentir, car tout cela la fascine.
C'est ainsi que la mode de la bohème ne passe pas du rock au glamour, du punk à l'épuré, il demeure dans un code vestimentaire aéré, souple et simpliste, ce qui est miroité avec sa légèreté et son insouciance.
Peinture exposée au Grand Palais à Paris pour l'exposition Bohèmes



collection printemps 2013


D'une manière bien évidemment plus moderne, on reprend les longues jupes, les imprimés de fleurs. Cette oeuvre d'art a ouvert un porte de ma conscience dans laquelle se cachait la nouvelle collection de Dior : il est vrai, la marque interprète la longue et flottante jupe d'une manière plus moderne et sophistiquée.


collection printemps 2013




















Finalement, ce qui est dit aujourd'hui a déjà été dit hier, ce qui est pensé aujourd'hui a déjà été pensé hier. Christian Dior a une âme qui lui est propre, delà découle son choix de la matière de luxe, de la grandeur des fleurs, de l'attitude projetée par la tenue ; les bohémiens que nous voyons dans la peinture ont aussi un esprit, une réflexion qui leur est personnelle. Néanmoins, ces deux individus, quoi que très différents, font parti de l'âme universelle. J'avais affirmé antérieurement que la calamité est seulement une face des infinités de faces de la vie, parallèlement, la bohémienne de notre peinture est tout simplement un aspect de l'être, et, Dior en est un autre. Ils sont en réalité le même être, ils partagent un même esprit, l'esprit de ce que nous nommons l'humain. Cette âme qu'ils partagent les deux a émergé dans leur habillement...


jeudi 8 août 2013

Zadig et Voltaire : Une dangereuse collision entre le Féminin et le Masculin...

Zadig et Voltaire est une marque française du prêt-à-porter créée par Thierry Gillier. Celui-ci, marqué par le personnage Zadig, de l'oeuvre de Voltaire, Zadig ou la Destinée, dû à son charisme, modernité et courage, donne à sa marque le nom qu'elle porte aujourd'hui.
Pour sa nouvelle collection, la marque provoque une collision entre la féminité et la masculinité. Cet entrechoquement fait germer le puissant androgyne. Sa ligne automne/hiver 2013-2014 m'a fait voyager dans mon esprit duquel a émané un souvenir que j'ai cru était oublié :
Platon, le fameux philosophe grec, intègre Aristophane, un poète comique, dans son Banquet, il lui donne le rôle de fabuliste sur l'origine des hommes. Dans l'oeuvre du philosophe, Aristophane débite un monologue quelque peu étrange. Selon lui, notre nature originelle n'est pas celle qu'elle est aujourd'hui. Au tout début de l'existence qui est la notre, il y avait trois genres, le masculin, le féminin et un troisième dont seulement le nom a subsisté, mais la chose a disparu: l'androgyne. L'espèce réunissait en un seul être le principe mâle et le principe femelle ; il n'en est plus ainsi, le nom seul a demeuré, comme une injure. Le premier genre, le mâle, était originellement fils du soleil, le second, femelle, est tiré de la terre ; et, le troisième participant des deux, provenait de la lune, car, celle-ci a également une double participation.
Les androgynes, ayant huit membres, faisaient preuve d'une force indomptable et leurs pensées n'étaient pas moins impressionnantes. Ils décidèrent d'entreprendre contre les Dieux, de monter jusqu'au ciel pour attaquer ces divins. En effet, ils étaient avides de pouvoir et, ont refusé le statut d'homme, se croyant dignes d'une déification. Faisant preuve de trop grande et insolente vanité, ces espèces ont dû subir le châtiment infligé par les Dieux. Après maintes délibérations entre tous les Dieux pour trouver une punition adéquate, Jupiter aboutit finalement à une solution : "Je crois qu'il y a un moyen pour qu'il reste des hommes et que pourtant, devenus moins forts, ceux-ci soient délivrés de leur démesure ; je m'en vais couper chacun en deux, ils deviendront plus faibles, et, du même coup, leur nombre étant grossi, ils nous seront plus utiles ; deux membres leur suffiront pour marcher ; et, s'ils nous semblent récidiver dans l'impudence, je les couperai encore en deux, de telle sorte qu'il leur faudra avancer à cloche-pied." Voilà que toutes les espèces du troisième genre se retrouvèrent divisées. Ce déchirement de nature primitive laisse chaque moitié, qui est l'humain d'aujourd'hui, désirer son autre moitié d'une manière ardente. Leur réel châtiment fut certes un manque de pouvoir, car ils en désiraient précisément trop, mais surtout un manque d'un quelque chose d'invisible qui les fait sombrer dans le purgatoire de la souffrance.


collection automne/hiver 2013-14

collection automne/hiver 2013-14 
collection automne/hiver 2013-14 
collection automne/hiver 2013-14



Zadig rend la force et vanité jadis perdues à l'androgyne. Elle lui redonne la puissance et l'audace qu'il avait naguère en créant sa nouvelle collection. L'enfant de la lune renaît devant nos yeux, plus fort que quelconque autre humain, il envahira ce monde qui est le notre avec un intellect, un pouvoir et bien évidemment une classe et un ego surdimensionnés. C'est ainsi, que la marque française érige un échappatoire hors de ce purgatoire de souffrance qu'est notre vie et, nous permet de regoûter à cette douce puissance que nous avions il y a, oh, si longtemps.
La collection fait preuve d'une telle modernité qu'elle ne peut qu'être inspirée par un titanesque saut dans le passé...

mardi 6 août 2013

Les Opposés : Des Correspondances invisibles...

Ecrivain français Charles Baudelaire professe que les opposés se correspondent, que le mal appelle le bien, que la chute appelle l'élévation. En réalité ce ne sont pas des oppositions, mais des correspondances. L'un n'existe pas sans l'autre, si l'un est créé, l'autre jaillit simultanément.
Mais, que se passe-t-il lorsque la chute devient précisément l'élévation, lorsque le mal et le bien se touchent presque et se métamorphosent en une même unité? Qu'arrivera à notre système de vie bâtit d'une manière si calculée et perfide si on s'amusait à bouleverser les valeurs, en les transgressant en les manipulant, en jonglant avec leurs intensités et leurs dimensions? Imaginons que, par exemple, on se décide un jour de juger identiquement un roi et un mendiant ; en égalisant ces deux extrêmes, on atterrit non pas entre les deux, mais au-delà des deux. 
Notre cher créateur de mode anglais, Alexander McQueen transparaît cette rare élévation, qui n'est qu'anéantissement de toute valeur, de toute vérité, derrière son architecture. Il met en scène l'allégorie parfaite de ce qui est apostillé comme beauté et légèreté absolue (poupée dans une boîte à musique) pour ensuite la pulvériser de son antagoniste le plus dissemblable : le symbole provocateur de l'infect et obscène vie de la basse classe sociale ( spray noir salit et vert acide).

collection été 2000

L'anglais exploite les tensions entre le grand art et l'art grossier ; les jugeant égaux, il remet en doute toutes les dimensions de la vie qui est la notre. On se retrouve ainsi égaré dans ce sorte de no man's land, ne sachant ce qui est bon ou mauvais, ce qui est blanc ou noir, car ces différences cessent précisément d'exister, comme si anéanties, elles deviennent invisibles à l'oeil de l'homme, sa perception de vie a été bouleversée. L'être est alors contraint de déceler son monde comme s'il ouvrait ses yeux pour la première fois : Un monde nouveau où tout est équilibré, où le haut et le bas, le beau et le laid n'existent pas ( ou pas encore, car il est dans sa nature même de ne pas être capable de vivre d'une manière objective, la subjectivité qui est synonyme de culture l'aveuglera toujours. Néanmoins, pour un bref instant, il vit dans l'objectivité absolue n'ayant pas encore accorder des valeurs à toute chose, ne connaissant même pas le mot "valeur" dans ce monde perçu pour la première fois).
Voici le résultat lorsque les deux pôles se touchent enfin, simultanément ils se volatilisent, car on se retrouve finalement au-dessus de l'épais brouillard dont on ignorait l'existence. Delà découle alors de simples corps errant dans une pure et fraîche légèreté encore jamais ressentit. 
C'est cela que crée McQueen, une créature nouvelle, elle est le non-art qu'il appelle art, elle est l'anti-héros à qui il lui impose le nom de héros. Agissant ainsi, il brise toutes les vérités les dénonçant comme illusion.
Dans cette lucidité nouvelle, tout ce qui se trouve autour de nous se transforme soudainement en une cour de récréation multicolore, tout est fascinant, tout est nouveau, on redevient enfant, car on vit dans une ignorance si puissante qu'elle est en réalité un précieux savoir clairvoyant qu'on nous vole lorsqu'on retombe sur terre où règne ce sournois brouillard. ( Peut être découle de là le surnom d' "enfant terrible" attribué à Alexander McQueen. Aurait-il réussit à échapper ce brouillard qui n'est en réalité que culture)...
lorsque l'art et le non-art ne forment plus qu'une unité : 
toute dimension disparaît.
Au delà du bien et du mal, jaillit le sur-homme nietzschéen.

lundi 5 août 2013

Punk : une Esthétique absurde...

A l'opposé de tout autre mouvement de mode, Punk est celui qui vit dans le présent. Il vit l'euphorie d'aujourd'hui et ne déplore pas le bonheur perdu de hier, il est dans son essence même anti-nostalgique, d'où émane son hymne : "No Future". celui-ci est le reflet d'une opinion agressive et non conforme aux valeurs de l'époque : la vie demeure sans but, sans espoir et sans promesse. C'est ainsi qu'a germé une forme de nihilisme qui miroite délibérément et consciemment l'apparence punk.
Comme l'écrivain français Albert Camus, le mouvement punk répond à cette absurdité qu'est la vie avec la révolte ; une frustration et un inassouvissement dont l'origine demeure inconnue donnent naissance à un caractère factieux. L'absurde est un illogisme provocateur, il est donc naturel que la réaction ne peut être autre qu'agressive et acerbe. Cette incohérence tourmente l'homme, le ronge à l'intérieur jusqu'à l'astreindre à répudier toute valeur et s'abandonner à un monde de chaos et de révolte. 
Punk est exprimé sous la forme d'une rébellion artistique : plus le sentiment de révolte est puissant, plus l'extravagance de l'apparence est scandaleusement grotesque. Les individus vivant de l'idéologie punk ont tous atteint une vérité commune : la vie est absurde. Totalement chaotique, leur apparence n'est que le reflet de ce sentiment de discordance entre l'homme et le monde.

 


 













Les architectes de la mode exploitent cette rébellion surnommée Punk et la transmutent : ce qui était auparavant l'allégorie d'une attitude et opinion sur la vie a inopinément pris une tournure plus esthétique. Ils découvrent dans ce chaos une obscène beauté qui les attire. 
Grâce à ces renégats, l'art n'est plus synonyme de beau. le non-art est devenu art, le non-héros a été travestit en un héros...


"The popularity of punk rock was, in effect, due to the fact that it made ugliness beautiful."
— Malcolm McLaren
Balmain


Alexander McQueen



Toutes les photos proviennent du livre PUNK: chaos to couture de Andrew Bolton, Richard Hell, John Lydon et Jon Savage.