L’après guerre s’annonce plus brutale que
jamais. Certes, on dit qu’il y a une reprise, un progrès. Leur mot, non les
miens.
Mais quel est donc ce progrès dont on est si
fier, quelle est donc cette reprise qu’on applaudit.
L’Europe, encore empoussiérée par ses erreurs
grandioses, "l’âge de l’austérité", l’a-t-on appelé, alors que de l’autre côté de
l’océan, bienvenue sur le terrain de la liberté, de la démocratie, du rêve rendu réalité. Mais ce rêve dont je vous parle, entendons-nous bien, il n’est
autre que celui qui nous a été imposé par ces petites boîtes noires qu’on
retrouve désormais dans chaque salon, par ces médias prenant le pouvoir de
manière exponentielle. En effet, l’imagerie publicitaire vient bombarder nos
rues, certes ce ne sont plus des bombes attaquant notre vie, mais toujours
sont-elles des bombes attaquant notre cerveau, notre individualité, notre libre
pensée.
Désormais, tout est pareil, rien n’est différent,
tous rêvent le même rêve, tous vivent la même vie.
La femme en tant parfaite ménagère n’est-ce
pas, la maison en tant que parfait lieu de vie, l’homme en tant que parfait
businessman. L’entier de notre vie prend alors la forme d’un parfait schéma
architecturé par nos chers médias, nos chères télévisions. La puissance de
l’imagerie, oh mes chers, vous ne réalisez même pas…
publicité Coca Cola, 1947 |
Avec les médias de masse, en découle la culture de
masse, formidable n’est-ce pas. Quelle excellente stratégie, voilà que s’annonce
l’ébauche de notre culture de consommation. Relançons le marché, relançons le
marché ! ont-ils dit. Oh mais vous l’avez si bien lancé mes chers, que
tous nous avons suivi vos ordres pensant qu’on était en route pour trouver ce formidable bonheur hollywoodien. Applauddissement à vous.
Car, ne nous voilons pas la face, derrière ce
parfait rêve américain, il n’y a autre qu’une stratégie de marché, un
relancement de l’économie. Oh mais ils nous ont si bien dupés, tous sommes tombés
dans le piège, mais qu’il avait l’air beau ce rêve hollywoodien n'est-ce pas, qu'il était facile. Même plus besoin d'utiliser son cerveau, le travail est déjà prémâché, allumons tout simplement cette magique boîte noire...
Naissance de l’esprit conventionnel, traditionnel, robotisé, manipulé, contrôlé, naissance de l’Homme en tant que marionnette ! Encore une fois, applaudissement s'il vous plaît, tout est spectacle n'est-ce pas...
Evidemment, l’artiste s’exprime, il absorbe
cette nouvelle culture, observe ces nouvelles valeurs et en recrache un nouveau
type d’art : le Pop Art. la célébration et la critique de notre nouvelle société de consommation.
Expression imaginée par le critique anglais, Lawrence Alloway, en 1954, this is the popular culture, who cares about individuality, this is what you want, this is what you need.
Vive la désacralisation...
just what is it that makes today's homes so different, so appealing?, Richard hamilton, 1956 présenté lors de l'exposition This is tommorrow à Londres |
Standing Still Life #20, Tom Wesselmann |
Sunset nude with Matisse odalisque, tom Wesselmann |