samedi 30 novembre 2013

Le Mannequin : Une Âme libre et insouciante...

Le mannequin, n'est-elle pas une créature sublime, une créature fascinante, une créature qui capture notre regard et fait de nous de simples idolâtres tristes et envieux. Serait-elle dotée d'un pouvoir surréel lui permettant de totalement supprimer le monde qui l'entoure, devenant ainsi plus que l'unique objet de notre perception.
Comme si habitant un autre univers, la top-modèle semble mener sa vie dans les sphères plus hautes que ce bas-monde. En effet, elle projette une telle indifférence pour le décor qui entoure sa personne, que l'on pourrait penser d'elle une âme supérieure, une âme libérée de tout besoin terrestre. 
Il y a un quelque chose d'inhumain dans son allure, un quelque chose de puissant qui émane de son désintéressement pour toute crétinerie humaine. Il est vrai, s'étant détaché de son monde, elle a laissé place à une ataraxie absolue qui a si puissamment submergé son esprit que cet état d'âme se dévoile dans son allure même et ceci transparaît comme une sorte de zen attitude, une attitude qui se veut décontractée et insouciante mélangée de puissance et d'hardiesse.
Comme si libérée de toutes les chaînes invisibles communément nommées désirs et valeurs, le mannequin se voit capable d'errer dans une réalité supérieure plus sereine et plus puissante, de là découle peut-être son attitude, il est vrai, quelque peu condescendante...








dimanche 24 novembre 2013

Le Bordeaux : Une Enigme puissamment séductrice...

Le caractère hostile de l'hiver me mène à désirer une allure autant dure et puissante que la saison. Il est vrai, l'influence qu'a le monde extérieur sur mon monde intérieur ne cessera de m'épater. C'est alors que je me retrouve avec une volonté de domination, celle qu'a le vent sur les feuilles mortes, une volonté de chaleur chatoyante, telle la cheminée du bon vieux chalet ou le chocolat chaud sur les pistes de ski et, également une volonté de mystère qui se retrouve dans les bruits que chantonne la bise.  Ce mélange de puissance, de douce chaleur et d'un quelque chose d'énigmatique incarnent la couleur bordeaux. En effet, elle est tant douce et sensuelle que puissante et austère ; de là émane son caractère indéchiffrable.


hommage à Guy Bourdin
de NARS
Ce bordeaux évoque également la fameuse femme fatale.
Tel un parfum ensorcelant, elle détient une arme tant maléfique que séductrice qui n'est autre que sa sensualité. Elle capture le regard des hommes et fait germer en eux un désir malsain qui résultera en un malheureux inassouvissement tourmenté.
La femme fatale est une bête vénéneuse qui traque sa prochaine victime. Capturée par cette allure qui se veut puissante et mystérieuse, sa proie ne pourra que céder son âme au diable qui est le désir.
Cette saison, notre femme fatale nous fait l'honneur d'une mise en garde contre ses pouvoirs, à l'instar d'un avertissement, elle peint ses lèvres voluptueuses d'un bordeaux tant séducteur qu'énigmatique ; couleur qui miroite sa personne même. La citation de notre cher Montaigne peut dans ce cas être appliquée carrément à la lettre : " c'est moi que je peins".
C'est ainsi alors qu'en portant du rouge à lèvres bordeaux, elle nous dévoile son caractère séducteur et puissant, son caractère qui se veut dominant en tenant sa féminité comme arme. Toute dualité entre l'être et le paraître disparaît derrière ses yeux remplis d'une sincérité foudroyante : son extérieur affirmera  son être, son rouge à lèvres reflètera son caractère...

De Garance Doré

Backstage fashion show
Phillip Lim

dimanche 17 novembre 2013

Sans Nom ni Visage : L'Homme qui vit devant un Miroir...

Tel un forcené du paraître, l'homme fait de son allure un sujet d'exigence implacable. L'attention au détail qu'est portée sur son apparence exprime un fanatisme tant méticuleux que dérangé. Son oeil furtif agit comme un impératif intérieur, une sorte d'ascèse impassible et sans pitié aucune ; il est vrai, même le détail imperceptible prendra des grandeurs titanesques dans sa vision. Son esprit exige la perfection dans son être autant que dans son paraître, faisant de lui une créature maudite se sachant indubitablement incapable d'errer aux côtés des astres où règne la perfection.
Il vit devant un miroir et les autres sont le miroir, il ne pourra s'assurer de son existence qu'en la retrouvant dans le visages des autres. C'est pour cela qu'il poussera l'exactitude jusqu'au scrupule : tout dans sa tenue exige une signification, une raison, un but, elle doit provoquer et capturer le regard de l'autre, ce n'est qu'ainsi qu'il affirmera son existence. 
Cet homme, sans nom ni visage ni statut ni adresse, joue sa vie, faute de pouvoir la vivre. Il force les autres, qui ne sont autre que sa réflexion, à le créer lui-même. Seul, il ne sera personne, il ne sera rien, il n'existera pas...



jeudi 7 novembre 2013

Le Grunge : Un Cri révolté désirant faire de l'Irrationnel une Raison ...

Je crains qu'il soit temps désormais de rédiger un article sur le Grunge. Eh oui, il se propage dans les rues d'une manière théâtrale et exponentielle. C'est ainsi que j'ai été contrainte de décrypter et appréhender l'attitude de ce dernier. 
L'unique raison de son expansion est le fait que le style grunge a été élu comme nouvelle tendance de mode. En effet, à l'instar de sangsues menées par leur instinct grégaire, les individus s'agrippent à ce style nouveau et modèlent un fanatisme grandissant, faisant d'un simple style vestimentaire une loi nouvelle. N'est-ce pas chose de joie que de rajouter une règle à notre société si scrupuleusement architecturée, une règle imprégnée de valeurs et de jugements.
Néanmoins, avant de devenir une simple tendance de mode bénigne, le grunge était l'allégorie d'une pensée réfléchie et tourmentée : il était l'expression d'un homme révolté, d'un homme qui pousse un cri contre l'absurdité de son existence. De cette cruelle lucidité face au non sens de la vie et de cet esprit troublé, émane une colère impétueuse et implacable qui mène à désirer une allure tout autant déchirée et anarchique : le Grunge. En effet, la gratuité du monde est répondue par une révolte fiévreuse qui s'exprime à travers les tenues quelques peu provocantes voire même obscènes. Ainsi, l'absurdité apparente de l'allure grunge n'est que la représentation d'une fureur blessée qui n'admet qu'une vérité : le cri irrationnel...




Dries Van Notel Spring/Summer 2013


Photographié par Craig McDean

Les fameuses chemises à carreaux par exemple ne sont que la représentation d'une volonté d'ordre en passant d'une manière inévitable par le désordre. Nietzsche l'exprime à l'aide d'une métaphore : "Pour élever un sanctuaire nouveau, il faut abattre un sanctuaire, telle est la loi". Il est vrai, l'allure plutôt dure  du Grunge représente la volonté de destruction, d'anarchie au profit d'un ordre nouveau, d'un ordre juste qui germerait sur un sol lavé et épuré enfin. L'attitude du Grunge est justifiée précisément par l'absence de justification. L'individu est alors à la recherche, sans le savoir, d'une morale, d'une raison, bien qu'il s'efforce à anéantir toute valeur ; de l'irrationalité de sa vie, il désire crée une Raison...