mardi 24 septembre 2013

La Parisienne : L'Incarnation d'une Indifférence dédaigneusement architecturée...

La parisienne, elle est cette femme impénétrable qui, derrière ses lunettes de soleil, transparaît comme condescendante et dédaigneuse. 

De Garance Doré

Refusant de succomber à son instinct grégaire, elle ne se laisse pas guider par les diktats de mode. En effet, la parisienne se montre insensible aux règnes éphémères des tendances ; s'étant nommée sa propre souveraine, elle s'habille selon son zèle. Il est vrai, elle projette une dureté et une audace irrévérencieuses, pourtant ces traits de caractère communément admis comme vices, peuvent également être jugés comme de précieuses qualités : sa franchise, certes impassiblement acérée et souvent confondue avec une dureté cruelle, ne laisse aucune place à l'hypocrisie. Elle s'habillera alors comme bon lui semblera, sans cacher sa personne derrière les tendances déclarées par les magazines de mode, pour précisément laisser son esprit s'affirmer.
Son âme libre fait d'elle le sujet tant d'une crainte que d'un dégoût voire même d'un mépris. Ce dégoût en question provient indirectement de la crainte qu'elle provoque en les personnes. L'indifférence à tout qui est projetée n'est en réalité que dissimulation, effectivement chaque détail détient son importance et son utilité. Pourtant, la parisienne s'efforce à les faire sembler inopportuns et hasardeux.
Rédigeant cet article, une porte de ma conscience s'est déployée, présentant un aphorisme d'Emile Cioran : "Se prétendre plus détaché, plus étranger à tout que n'importe qui, et n'être qu'un forcené de l'indifférence". La parisienne adopte vaguement cet écrit, effectivement elle se contraint à sembler étrangère et indifférente au monde qui l'entoure, comme si elle ne pouvait en aucun cas, appartenir à ce dernier, mais plutôt à une réalité supérieure. Pourtant cette négligence et indifférence apparentes à tout sont en réalité le résultat d'une architecture vigoureusement travaillée et, un quelque chose d'invisible, agissant comme un impératif intérieur, l'astreint à paraître indifférente et détachée.
Ces impératifs intérieurs, cet esprit précaire et tourmenté, cette délicate âme de philosophe, cette overdose de café, cette avidité implacable de savoir, de beauté, d'étrangeté, cette tyrannie personnelle, cette recherche de beauté cachée, ce savoir-vivre austère, cette envie insolente de liberté, tout cela, résidant en une seule personne, donne naissance à la formidable Parisienne...







Clémence Poésy,
Une Parisienne

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