Pensées...

Des pensées peut-être absurdes, insensées, très souvent inutiles et surtout incompréhensibles pour autrui vagabondent dans mon cerveau faisant de ce dernier un chaos qui se montre quelque fois plutôt insoutenable. Peut-être sont-elles les pièces d'un puzzle invisible, pour le moment indéfini ; ou peut-être uniquement des fragments d'un quelque chose sans début ni fin, sans but ni cause qui rôdent tout simplement dans le cerveau qu'est le mien...

02 septembre 2014
LUEUR IMMORTELLE...
Quel est cet Ailleurs qui nourrit nos rêves, 
quel est cet espoir qui nous mène à périr sans trêve.
Alors débute ma journée la sachant provisoire, 
Alors débute ma journée la sachant illusoire.
Car dans l'illusion je vivrai jusqu'à trouver bonheur,
Dans l'ignorance volontaire je demeurerai jusqu'à ne connaître plus de malheur.
Alors débute ma journée la sachant éphémère, 
Alors débute ma journée sans paix ni guerre.
Forcené de l'indifférence, à quoi bon ressentir aujourd'hui si le meilleur est demain.
Incapable de trouver délivrance, désormais me voilà, je joigne mes mains.
N'est-ce pas Godot que nous attendons si ardemment, 
N'est-ce pas la vie que nous recherchons désespérément.
Alors je joigne mes mains me sachant faible, 
Alors je joigne mes mains me sachant lâche.
Dans le vain espoir que la lumière se révèle. 
Car croyez moi quand je vous dis, toutes les pierres je les ai retournées en la cherchant,
Peut-être s'amuse-t-elle en se cachant.
Quelle est cette lumière que je sais existante,
Qui m'ordonne de voir l'invisible, qui me défie de dire l'indicible.
Car ce n'est la vie que je vis.
Serait-ce peut-être purgatoire, où le temps me joue des tours, 
Où je ne sais que croire.
J'oscille entre l'espérance du rien et le désespoir du tout,
Quel pendule fatal, n'est-ce pas.
Que je l'orne du sang de mes veines, 
Du silence de mes cris, 
De l'absurdité de la vie, 
D'une cruelle mélancolie.
Alors débute ma journée tel un rêve nostalgique, 
si ce n'est demain que j'attends, songe-je au passé d'antan.
Voilà que se couche le Soleil, voilà qu'une autre lueur se réveille.
Lumière de la Lune, est-ce toi le marchand des rêves, 
lumière de la Lune, est-ce toi le créateur de l'espoir.
Tu m'ensorcèles avec ta douce imagination, tu m'emportes vers d'autres cieux.
Ta lumière aveuglante hypnotise les craintes de demain, les regrets de la veille.
Ta lumière transcendante m'incite à penser que peut-être demain, la vie m'accueillera à mon éveil...

29 mars 2014( En montagne...)
DOUCE NATURE...
La liberté qu'admet le monde de la nature est sujet de légèreté, de repos. Oublions la civilisation, les dogmes, les règles. Il n'y que moi et la nature, moi et mes sensations.
L'air frais, pas encore pollué par les miasmes de l'homme, émoustille mes sens, réveille ma conscience. Je me sens tel un nouveau-né qui découvre le monde dans lequel il a été jeté.
Il semblerait que j'ai laissé le sentiment de discordance entre l'homme et son décor sur ma table de chevet, là-bas où l'homme s'est déclaré souverain de l'univers. Je me sens comme faisant partie du décor, comme faisant partie de ce qui m'entoure. Douce nature, je découvre tes voluptés modestes et silencieuses, douce nature je me veux être comme toi, douce nature m'entends-tu...
 

18 Mars 2014
CONSTRUIRE DÉCONSTRUIRE...
Les épouvantes de la nuit, mon corps pleure de sueurs froides. Je ne sais ce qu'il m'arrive, l'autre devient mon maître et moi sa marionnette. Je me languis sur moi-même faute d'être trop veule. La chute me guette, elle ricane, je la fuis, elle me poursuis.
C'est vers l'idéal que je tends, c'est l'élévation à laquelle j'aspire. Prisonnier du cafard, mes démons m'interdissent de grimper en haut de cette montagne. Les forces de la nature me retiennent, sacrée loi de pesanteur refuse de me prodiguer la légèreté.
C'est vers l'idéal que je tends, mais la chute m'a choisie, c'est l'élévation à laquelle j'aspire, mais la pesanteur m’ensevelit.
Qui suis-je donc pour espérer m'élever, homme misérable, mon royaume demeure dans ce bas-monde. Le seule point commun qui me relie aux astres si parfaits, c'est l’orgueil. Ne sais-je toujours pas que ma volonté d'élévation n'est qu'orgueil aveuglant.
Comme un fou je construis ma tour de Babel, elle grandit, je souris, c'est la lune qu'elle touchera en premier, je m'impatiente. Sa grandeur arrive jusque mon cerveau, la modestie me quitte aussitôt. Je me vois déjà errer aux côtés des astres dans des sphères plus hautes. Clarté, légèreté, ataraxie, perfection, oh mes rêves délicieux m'emportent dans un autre monde et je laisse ma raison s’endormir pendant que mon âme goutte à ces délices illusoires.
Gourmandise aveuglante, mes yeux rêvent audacieusement et voilà que mes démons jaillissent. Les salauds, silencieusement, ils attendaient le moment propice pour détruire ma tour. Comme la mer si douce et calme, silencieuse et sereine attend avec patience le moment où sa victime, à son plus faible, se laissera être englobé par les profondeurs obscures.
Les épouvantes de la nuit, mon corps pleure de sueurs froides. Je ne sais ce qu'il m'arrive, l'autre devient mon maître et moi sa marionnette.


 


Automne 2013
LA MISE EN ABÎME...
La mise en abyme est un procédé consistant à représenter une œuvre dans une œuvre du même type, le théâtre dans le théâtre, le jeu dans le jeu.
Ce procédé évoque d'une part le jeu des miroirs qui peut très rapidement être source de malaise implacable : " qui sait si le but d'un tel jeu de miroirs n'est pas de nous donner, par cette réflexion en abîme, de Hegel sur Genet, de Genet sur Hegel, le vertige de l'indéfini" ( Delacampagne in Le Monde, 1975). Il est vrai,  cet effet de miroirs donne au procédé un quelque chose de cruel et insondable. D'autre part, la mise en abyme est également utilisée par des écrivains et artistes sous forme de dérision, une critique de leur propre œuvre.

En réalité, la mise en abyme n'était pas le sujet de cette pensée, mais plutôt le déluge ténébreux, celui qui émerge inopinément, qui frappe si fort qu'il semblerait qu'il a une vie propre à lui. Cette pluie attaque l'homme, elle le secoue, le torture, l'écrase. Elle peut le tuer, métaphoriquement parlant bien sûr, il courra et se cachera alors vers l'abris le plus proche ; mais, pour les moins veules, elle ne le tuera point, au contraire, elle le réveillera. Il est vrai, l'homme, tourmenté, secoué par cette pluie, se réveille ; écrasé sous le poids et la force des averses, il développe un sentiment de petitesse et insignifiance. En effet, il réalise qu'il ne peut que subir les sorts de l'univers, les ténèbres l'attaqueront si bon leur semble, et l'homme demeurera asservi aux volontés de l'univers. C'est précisément à ce moment qu'il se réveille, il se réveille petit et insignifiant, il se réveille tel un simple humain délavé de son orgueil et sa vanité illusoires. Finalement, d'un regard épuré, il perçoit le monde pour la première fois, il le découvre, il réalise la grandeur de ce dernier et se trouve être fasciné par toute chose. C'est dans cette grandeur nouvellement apparente que l'homme se sait petit, mais il ne peut voir la grandeur, s'il désavoue sa petitesse.

Cette étrange histoire de dimension, de grandeur du monde, de petitesse de l'homme, a donné naissance à l'idée de la mise en abyme. Notre vie est comme un jeu dans un jeu. Le jeu dans lequel nous vivons, nous nous sommes amusés à créer des dimensions, inventer des règles, assigner des valeurs à toute chose. Hélas, ces règles, si puissantes qu'elles sont, ont comme développer leur propre battement de coeur, nous les avons crées, certes, mais c'est désormais elles qui nous contrôlent. En plus de cela, elles nous aveuglent, elles nous défendent de percevoir autre chose que leur jeu.
C'est ainsi que cette pluie ténébreuse est notre seul échappatoire, elle nous fera prendre conscience de  l'insignifiance de toute chose qui nous est connue : notre propre insignifiance, celle des dimensions chimériques, des valeurs illusoires. Délavé et épuré des règles fabulatrices, l'homme percevra les dimensions du grand jeu, de la réalité supérieure et arrêtera de s'attarder comme un sot au misérable petit jeu illusoire. Assumer sa petitesse pour appréhender l'existence et la grandeur de la réalité supérieure.
Jouons le jeu véridique. Non ce jeu médiocre inventé par des gens médiocres qui se suffisent à leur médiocrité...




Eté 2013
NOTRE JARDIN PERDU...
"...mais Elohim sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront." A peine sont-ils ouverts, que le drame commence. Regarder sans comprendre, c'est cela le paradis. L'enfer serait donc le lieu où l'on comprend, où l'on comprend trop." - Emile Cioran, De l'inconvénient d'être né

Cioran insinue avec cet épigramme que c'est uniquement dans le précieux jardin d'Eden que l'homme vit dans une félicité, car il ne possède pas de conscience qui lui est propre, il n'appréhende ni le bien, ni le mal. C'est dans sa naïveté qui lui est invisible qu'il mène sa vie d'euphorie absolue.
Cet état de béatitude, que nous minables hommes ne connaissons pas, provient du fait que Adam et Eve vivaient comme des Dieux : Ne sachant pas désirer, ils ne pouvaient manquer de rien. C'est ainsi que l'état d'assouvissement était le seul qu'ils connaissaient.

Alors se déclare mon problème, qui, lorsque je m'attarde dessus, me ronge de manière implacable.
D'où provient alors le misérable désir de transgresser? D'où provient le désir même? Eve s'est retrouvée convoitée de transgresser la seule loi qu'avait été mise en place. Comment et surtout pourquoi a-t-elle ressentit un manque d'un quelque chose qu'il lui fallut manger ce maudit fruit pour l'assouvir.
Voilà que tout l'idéal baudelairien semble s'effondrer devant mes yeux. L'écrivain eut affirmé qu'il n'est qu'un état éphémère qui ne se révèle que dans l'ancien temps : l'idéal se cache dans les jardins exotiques du passé. Mais, si cette quête de l'idéal nous ramène au jardin d'Eden, où régnait visiblement un manque qui est loin d'être synonyme d'ataraxie absolue, cette quête aboutirait en réalité dans une impasse où même l'odeur d'un espoir quelconque a été travestit en de miasmes exécrables. 
Comment alors suivre les pas de notre chère Epicure? Lui, qui professe que l'état d'ataraxie absolu est atteint lorsque tout désir est annihilé. Si même dans l'idéal, la sensation de manque poursuit l'être humain, comment se libérer de l'inassouvissement éternel?
La légèreté de vie nous est-elle pas accessible...


Eté 2013
EXALTATION DU DESESPOIR...
L'allégorie de la Caverne est une allégorie exposée par Platon, elle met en scène des hommes enchaînés dans une caverne. Tournant le dos à l'entrée de cette demeure souterraine, les prisonniers sont capables uniquement  de voir les ombres du monde extérieur. Au moment où un des esclaves parvient finalement à sortir de la caverne, il perçoit le monde extérieur pour la première fois et aboutit alors à une conclusion quelque peu dérangeante : il existe deux mondes, celui à l'extérieur de la caverne et celui à l'intérieur de celle-ci qui n'est rien d'autre que le pâle reflet, la triste ombre du monde extérieur. Ainsi prend forme la théorie des deux mondes : Platon imagine le monde qui est le notre comme monde sensible : qui peut être appréhendé par nos sens. Le deuxième monde qu'il expose est le monde intelligible, celui qui peut être appréhendé par notre pensée. Ainsi, le monde que nous côtoyons est l'ombre et l'image d'une vérité qui se trouve ailleurs.

L'esclave, ayant parvenu à percevoir le monde intelligible, est en réalité le poète maudit baudelairien. Il est vrai, ce dernier croit en une réalité supérieure devinée par des signes et symboles du bas monde qu'est le monde sensible. Platon professe qu'il est le devoir de l'homme qu'a brisé ses chaînes de revenir dans la caverne et révéler ce qu'il a contemplé, d'inculquer aux hommes la vérité du monde intelligible. Pourtant, cette réalité supérieure que devine le poète ne peut jamais être atteinte, il ne peut que tendre vers celle-ci, l'apercevoir, la déchiffrer mais sans pour autant l'atteindre. De là découle l'appellation de cet homme : le poète maudit. Il aspire à l'élévation, mais se trouve attiré par la chute ; les lois de la gravité ne lui permettent pas d'accéder au monde intelligible, il ne peut que le percevoir de l'ici bas.
De cette malédiction émane l'absurde ; l'homme ayant pris conscience de la réalité supérieure, de l'idéal qui se trouve ailleurs, ne peut que se révolter sur le non-sens de son existence. Attaqué par une lucidité trop claire, comme si de nouveau enchaîné dans cette caverne, mais cette fois-ci face au monde extérieur, il ne peut qu'éprouver un sentiment de discordance entre lui et le monde dans lequel il vit : se sachant homme du monde intelligible, il se retrouve pourtant paralysé dans le monde sensible. Menant une vie dépourvue de sens, le poète s'apitoie sur son inutilité qui le ronge l'intérieur, le laissant désespérément se noyer dans le spleen baudelairien. Cette paralysie invisible aux yeux des autres esclaves qui, dos retournés, se contentent des ombres belles et frivoles, fait du poète maudit un homme bien trop lucide, car lui est conscient de sa malédiction.
Albert Camus répond à l'absurde par la révolte, ceci miroite également les actions du poète maudit, Charles Baudelaire : il tente de fuir cette lucidité agressante par des voluptés illusoires. Il chante la gloire de Satan, la gloire de la chute, la gloire de la malédiction et cède à une complaisance malsaine, étant l'homme minable qu'il est, emprisonné dans cette caverne, asservi aux lois de la gravitation qui finissent toujours par l'inciter à la chute. Ce constat d'échec de l'idéal et victoire du spleen fait jaillir  l'exaltation du désespoir.
La réalisation du non-sens de la vie provoque en le poète maudit le sentiment d'étranger à ce monde, peut-être parce qu'il a ce désir avide d'appartenir à la réalité supérieure, mais se sait esclave du bas monde...

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